Auteur : Yukiko Sugihara Titre : Visas pour 6000 vies Titre original : Roku sen nin no inochi no visa Traduction : Karine Chesneau Origine : Japon Genre : Biographie Editeur en France : Philippe Picquier Date d'édition au Japon : 1993 Date d'édition en France : 1995 Résumé : Yukiko Sugihara était la femme de Chiune Sugihara, consul du Japon à Kaunas en Lituanie. Durant l'année 1940, il désobéissa aux ordres de sa hiérarchie et fournit des visas pour les Juifs qui fuyaient la Pologne pour qu'il puisse arriver vers un pays ami via le Japon... | |
Note : Né le 1er janvier 1900 et mort le 3 juillet 1986 fut un diplomate Japonais. A la suite de son action durant la seconde guerre mondiale il fut rayé des cadres du Ministère des affaires étrangères japonais. En Israël il fut honoré du titre de "Juste parmi les nations" et un monument à son honneur fut érigé non loin de Jérusalem... |
Critique : Lorsque nous évoquons l'histoire de la seconde guerre mondiale bien souvent ce sont les mêmes monstres qui ressurgissent lorsque l'on met en avant l'Allemagne et le Japon. Toutefois il existe des hommes et des femmes qui sont allés à l'encontre de l'idéologie dominante dans leurs pays afin de garder un humanisme auquel ils croyaient. Tel un Oscar Schindler, Chiune Sugihara fait assurément parti des ces personnes qui se sont servis des rouages officiels pour sauver des vies en l'occurence des juifs. Cette biographie de l'épouse de Chiune Sugihara explique comment ce dernier s'est admirablement servi de sa situation pour donner des visas à des milliers de juifs qui tentaient d'échapper à la barbarie nazie. Jusqu'au bout, jusque dans ses dernières possibilités cet homme aura fait ce qui était en son pouvoir mais à l'encontre des ordres officiels pour sauver des vies. Au delà de ce geste le livre esquisse le portrait de ce consul et de sa famille et des drames qu'ils ont vécu. C'est un témoignage précieux sur cette période trouble qui ne peut laisser insensible le lecteur. On se sent proche de M. Sugihara bien qu'il ait vécu à une autre époque et bien qu'il appartienne à une autre culture.Au fil des pages on se rend compte l'homme d'ouverture qu'il était notamment quand il s'indignait du sort des Chinois dans l'Etat fantoche du Mandchoukouo.
On est admiratif du couple formé avec son épouse et de voir comment ils arrivent à faire face à toutes ces épreuves de la vie qui iront au delà de la seconde guerre mondiale. On est effaré devant la bêtise du Ministère des Affaires étrangères Japonais qui après la guerre n'a rien trouvé de mieux que de congédier ce "Juste parmi les nations" qui en désobéissant à la folie aveugle de son pays a sauvé son honneur et au delà à réussi à démontrer que dans le pire des systèmes il existait et existeraient toujours des hommes qui refusent de descendre dans les catacombes de l'ignominie.
"Visas pour 6000 vies" permet d'appréhender une autre image du Japon pendant la seconde guerre mondiale. Ce livre devrait être mis en avant lorsque l'on évoque cette période malheureuse de l'humanité.
Nous terminons notre article sur cette dernière phrase de l'auteure :
"En cette fin de siècle chaotique, je ressens profondément le désir d'appartenir à une famille d'être humains qui, par delà les différences, vivraient une existence harmonieuse".