Hong Kong, une île au coeur de l'histoire...

L'île de Hong Kong n'était au milieu du 19ème siècle qu'un petit port de pêche. Rien ne prédestinait cette bourgade à devenir un des grands centres financiers de l'Asie. Et pourtant l'histoire rattrapera ce lieu et en fera le symbole d'une région oscillant entre la Chine et l'occident...

C'est à travers la fameuse et tristement célèbre guerre de l'opium qu'Hong Kong passera sous contrôle britanique avec le traité de Nankin en 1842. Cette guerre avait pris pour pretexte de vouloir une libéralisation des échanges économiques entre la Chine et les différents pays occidentaux notamment la Grande Bretagne afin qu'elle puisse vendre son opium très lucratif. Durant ce conflit l'îe de Hong Kong avait été conquis par la couronne britanique et il s'agissait donc d'annexer officiellement ce territoire. L'île restera le coeur même de ce territoire par la suite. L'histoire se repète et suite à la deuxième guerre de l'opium et à la défaite de l'Empire chinois, la Grande Bretagne annexe le territoire de Kowloon qui se situe au nord de l'île. Toutefois afin de consolider cet ensemble la Grande Bretagne a négocié un bail de 99 ans avec la Chine sur ce qu'on appelera les "Nouveaux Territoires" qui se situent entre Kowloon et la ville de Shenzen qui elle restera sous le pouvoir de la Chine. Ce découpage de la Chine marque également le chant du cygne du pouvoir impérial chinois.

Le pouvoir politique de Hong Kong se manifeste en la personne du Gouverneur designé directement par le monarque britanique. Il est appuyé par le Conseil législatif avec des membres nommés et non élus jusqu'en 1985. Le destin de Hong Kong sera malgré tout lié à celui de la Chine continentale dans un premier temps notamment lors de l'invasion japonaise avec un commandement militaire japonais en lieu et place du Gouverneur jusqu'à la capitulation de l'Empire du Soleil levant en 1945.

La Chine connaît une guerre civile à la fin de la seconde guerre mondiale opposant le Guomindang de Chiang Kai-Chek et le Parti Communiste de Mao Zedong. C'est ce dernier qui prendra le pouvoir sur l'ensemble de la Chine (à l'exception de Taïwan) et sous son égide une nouvelle politique est instaurée banissant notamment le système capitaliste. Hong Kong deviendra ainsi une enclave antagoniste en devenant progressivement le symbole d'un capitalisme débridé. Un nouveau vocabulaire se met en place pour distinguer ces deux Chines mais aussi l'île de Taïwan ainsi la Chine continentale est désignée jusqu'à nos jours par le terme de "Mainland" (territoire principal). Un fossé culturel commence à se creuser et perdure encore entre les Chinois de Hong Kong et ceux de la Chine Populaire.

Hong Kong se développe durant toute la seconde moitié du 20ème siècle devenant une des places financières incontournables d'Asie. Cette nouvelle puissance se matérialise par les fameux gratte-ciels de l'île principal qui reste le coeur nevralgique du territoire.

Parallèlement à cette croissance économique, la scène culturelle connait aussi une évolution avec un impact très populaire en Asie mais aussi dans le reste du monde à travers la musique (la fameuse Cantopop) mais aussi à travers le 7ème art où les films d'action deviennent les ambassadeurs visuels de cet espace géographique à l'étranger.

Les années passent et le décompte de la rétrocession des nouveaux territoires commence aussi. La Chine entend bien en profiter pour récuperer l'ensemble du territoire y compris l'île de Hong Kong pourtant cedé à perpétuité à la Grande Bretagne.Pour cette dernière deux solutions peuvent être imaginées. La première : garder à tout prix l'île en redonnant les nouveaux territoires avec le risque d'un effondrement économique et financier notamment du fait qu'Hong Kong est de plus en plus dépendant de la Chine continentale. C'est une autre solution qui sera décidée le 19 décembre 1984 à Pékin avec la Déclaration commune sino-britannique sur la question de Hong Kong.

Ainsi l'ensemble du territoire sera remis à la Chine mais pour le pouvoir d'alors il était inenvisageable de tuer la poule aux oeufs d'or et par conséquent Hong Kong deviendra une région administrative spéciale. C'est le fameux "Un pays, deux systèmes" lancé par Deng Xiaoping qui sera appliquée à cette zone. C'est ce même Président chinois qui avait ouvert son pays au capitalisme avec comme ville laboratoire Shenzen, celle qui se trouve justement aux portes de Hong-Kong...

Le 1er juillet 1997 au cours d'une cérémonie officielle et d'une grande fête l'Union Jack fait place aux étoiles chinoises. Hong Kong se pare d'un nouveau drapeau témoignant de son nouveau statut.

Ainsi bien que passée dans le giron Chinois, le territoire garde son propre système juridique issu du Common Law, sa propre monnaie (le dollar Hong Kongais) et son propre gouvernement pour tout ce qui concerne les affaires intérieures. Pendant 50 ans, Hong Kong bénéficiera donc de cette autonomie.

13 ans après la rétrocession à la Chine, Hong Kong reste très dépendant économiquement de la Chine continentale et son intégration n'en est que plus évidente. Au niveau politique même si des voix s'élèvent contre la main mise de Pékin sur les affaires de la région, Hong Kong garde son autonomie et sa spécificité comme l'a pu démontré la récente affaire Google (où Google China avait quitté la Chine continentale pour s'installer à Hong Kong afin de garder une liberté éditoriale).

Dans l'ensemble la Région administrative spéciale de Hong Kong a connu une transition en douceur vers la Chine lui permettant en 2047 de pouvoir regagner pleinement son pays près de deux siècles après l'avoir quitté dans la douleur...