| Montmartre, un quartier à la fois carte postale et populaire de Paris qui en aura fait rêver plus d'un...On y vient pour humer l'atmosphère de la capitale et puis depuis 5 ans pour s'évader en direction du Japon grâce à l'association Bonjour Paris. C'est Tomoko qui est à l'origine de cette structure qui prends la forme d'une petite boutique où se trouvait une ancienne lutherie. Le lieu se nomme Manekineko Montmartre. Le Manekineko est le fameux chat porte-bonheur Japonais et sans doute le choix de cette icône populaire n'est-il pas complétement innocent. |
Ici se dresse devant nos yeux Un espace au milles merveilles où l'artisanat japonais prends la forme de lampes origami, de kimonos, de petits portes monnaies...Le tout avec le charmant accueil de la maîtresse des lieux, Tomoko. On remarque tout de suite de quelle région est originaire notre hôte grâce notamment à la mascotte de l'équipe de baseball d'Osaka mais attention ici tout est fait main et l'âme des artistes se retrouvent à chaque recoin. On y vient pour acheter mais aussi pour découvrir et pour discuter. Une chose qui devient de plus en plus rare dans une ville telle que Paris. Manekineko est un lieu de passage où viennent par hasard des persones intrigués par la devanture et ce qu'elle y cache. On y croise aussi des habitués qui viennent montrer leur progrès en Origamis ou bien des amis venus rendre visite. C'est un lieu de vie. | |
| Toutefois Manekineko ne se limite pas aux mursde la boutique et s'étend plusieurs fois par an dans la rue pour faire participer le plus grand nombre de personnes possibles à des fêtes japonaises dont la prochaine sera le Tanabata le 1er juillet. Ces moments festifs sont l'occasion de pouvoir s'immiscer un peu plus dans la coutume et le folklore japonais avec toujours cette idée d'échange et de plaisir. On le sent d'ailleurs lorsque l'on discutte avec Tomoko qu'il y a une véritable passion de faire un lien entre son pays d'origine et son pays d'adoption. Alors queparfois la culture japonaise se veut élitiste ici elle devient populaire au sens noble du terme.
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Etre spectateur c'est bien mais être acteur c'est sans doute encore mieux. C'est ainsi que l'association propose plusieurs fois par mois des cours de cuisine notamment des spécialités d'Osaka mais aussi d'Origami et de Calligraphie. L'immersion est alors totale. Et plusieurs fois par an, Tomoko se déplace en dehors de Montmartre pour prodiguer ses talents à l'espace Arts Lebaudy tenu par Sylvie Dimet dans le 20ème arrondissement de Paris.
Après cette petite visite, il est temps pour nous de laisser la parole à Tomoko.... | |
Qu'est ce qui vous a attiré en France ?
Beaucoup de Japonais rêvaient d'habiter Paris ce qui n'était pas mon cas. J'ai travaillé dans le monde du spectacle.
A la base je suis très attiré par le Maroc mais à Osaka il n'y a pas de langue arabe c'est pourquoi j'ai commencé
par le Français. J'ai pensé faire ensuite des activités sur Paris et c'est pourquoi j'ai quitté le Japon.
Souvent dans les guides Japonais on montre Paris comme le 16ème arrondissement. Mais quand je suis arrivée
en 1997 j'ai été dans le 18ème arrondissement mais également dans les quartiers de Ménilmontant ou de Gambetta.
Il n'y a pas de Japonais dans ces endroits. Je me suis installée ensuite à Montmartre et beaucoup me disaient
"Mais c'est un quartier chaud ?". Je ne trouve pas au contraire je trouve le quartier sympathique.
J'ai pris des cours de Peinture sur soie avec Sylvie Dimet à l'Espace Arts Lebaudy dans le 20ème.
Mes amis m'ont dit alors qu'il fallait faire quelque chose pour les Japonais en montrant le quotidien, les quartiers populaires...L'association "Bonjour Paris" s'est ainisi construite.
Pourquoi Makineko à Montmartre et quel est le concept ?
J'aime beaucoup Montmartre. Ici tout le monde se connait et se dit bonjour. En plus il y a un vrai mélange.
Cela me faisait penser à la banlieue d'Osaka où j'ai habité, tout le monde se saluait là-bas.
A travers Makineko je veux présenter le vrai quotidien japonais aux français. Il y a beaucoup de boutiques
japonaises mais très chics.
Le Japon est de plus en plus populaire en France, ressentez vous ce succès grandissant et quelles sont les
attentes des personnes qui viennent vous voir ?
Ma boutique n'est pas encore un grand succès mais c'est vrai que je suis très étonnée de voir de plus en
plus d'évenements liés au Japon.
Concernant le public qui peut venir chez moi il y a tout d'abord les "tatamisés" (NDR occidentaux qui
intègrent le mode de vie et de pensée japonais) mais ce que je présente ne les intéressent pas.
Je suis plus à l'aise par les Français qui ne sont pas très attirés par le Japon car la boutique s'adresse
plus à des personnes qui ne connaissent pas forcèmment ce pays.
Au niveau des attentes c'est la coutume japonaise qui est très demandée. Par exemple j'organise 5 fois par
an des événements : Fête du Sake, Hana Matsuri...Ca permet aux Français d'avoir un autre visage du Japon.
Par exemple beaucoup de personnes pensent qu'au Japon de nombreuses personnes portent le Kimono mais
ce n'est pas vrai (rires). Mais par contre au Japon nous aimons beaucoup faire la fête.
Je ne peux pas faire exactement comme au Japon comme par exemple pour la fête des Garçons où l'on expose
des casques de samourais car je n'en ai pas. Mais cela reste très festif malgré tout.
Vous enseignez la cuisine d'Oska, votre région d'origine, à travers les cours que vous donnez. Quelle est la particularité de celle-ci ?
En fait à la base mes goûts culinaires sont très différents de la cuisine d'Osaka et de Tokyo. Ma mère est originaire de Shikoku dont une des spécialités est le Udon (NDR Pâtes de farine de blé). On habitait à côté de Kyoto où on utilisait beaucoup le Dashi (NDR bouillon à base d'algues).
A Tokyo on utilise beaucoup de sauce soja c'est pourquoi la couleur des soupes est différente dans ces régions.
c'est pourquoi je précise que je fais la cuisine d'Osaka car par exemple j'ai une amie qui tient un restaurant japonais et qui fait du Donburi avec du riz nature. Un client est venu lui a dit "Pourquoi vous mentez ? Vous n'êtes pas Japonaise, vous êtes Chinoise".
Beaucoup de Français pensent donc connaître le Japon mais ce n'est pas le cas.
Que cherchent les personnes qui viennent à vos cours de cuisine ?
J'ai remarqué qu'il y avait deux types de personnne. Ceux qui veulent faire des Sushis et ceux qui veulent faire la cuisine familiale. Ils ont essayé mais ils veulent pouvoir se perfectionner.
Vous enseignez vos arts culinaires aussi en dehors de Montmartre notamment à l'Espace Arts Lebaudy dans le 20ème arrondissement. Le public est-il différent ?
Oui plutôt car là bas ceux qui viennent ne connaissent pas forcémment le Japon mais découvrent grâce à l'association de Sylvie Dimet.
En septembre 2009 vous avez toutes les deux organisé une soirée culinaire et musicale en présence de la chanteuse Shishido Rumi. Quels en ont été les retours et qu'avez vous retiré de cette expérience ?
Si je peux avoir une nouvelle occasion je le referai mais faire des Japonais c'est très difficile car on ne peut pas leur payer l'avion, l'hôtel...
En fait pour ce genre de chose il faut faire un très grand événement. Le public a en tout cas été très content de cette soirée. Pour moi c'est très positif.
Votre association met en avant également l'artisanat japonais. Qu'est ce qui le caractérise ?
Au Japon normalement la femme travaille à la maison. Lorsque les enfants grandissent il fallait bien qu'elles trouvent une activité et c'est ainsi qu'elles ont fait des sacs ou d'autres choses de ce style. Au Japon nous sommes manuels. J'ai demandé à des amis qui ne pouvaient pas vendre au Japon si ils voulaient vendre ici dans ma boutique. Ca a donc commencé comme ça. Je pense qu'il y a une différence entre le Japon et la France. Par exemple les Origami sont populaires en France. La méthode pour en faire sera la même qu'au Japon mais la finition sera différente.
Ensuite je pense que les goûts sont égalements différents entre les deux pays. Je veux donner l'occasion à des artistes japonais de pouvoir exposer et voir ainsi ce qui peut marcher ou pas en France.
Qu'est ce qu'on peut vous souhaiter pour la suite de l'aventure ?
Je souhaite organiser de grands événements à Paris. Je souhaite pouvoir payer aux artistes qui viennent en France.
Tomoko a laissé un petit message pour les lecteurs de Kochipan
© Photos & Interview : Kochipan (mai 2010)
Un grand merci à Tomoko pour nous avoir ouvert les portes de Manekineko et aussi pour son accueil chaleureux ainsi que pour cette belle journée...
Manekineko de Montmartre
1 bis Rue Garreau
75018 Paris