Interview : Soichiro Hyodo

C'est à Espace Japon à Paris que nous avons pu faire la connaissance du photographe Soichiro Hyodo. Il a posé son appareil photo en France à la découverte du monde de l'enfance. A travers des photographies lumineuses et colorées il souhaite faire prendre conscience le Japon des problèmes démographiques rencontrés mais surtout d'un système social qui n'est pas à la hauteur. Lorsque l'art permet de soutenir une démarche journalistique, on ne peut rester insensible. Alors que son exposition "petits babys boom en France" est en ce moment présenté à l'école Spéos à Paris, Soichiro Hyodo a bien voulu répondre aux questions de Kochipan.

Comment vos pas vous ont-ils conduit du Japon vers la France ?

Un photographe que j'aimais a été diplomé de l'école Spéos. J'étais donc intéressé par cette école. Quand j'avais 22 ans, j'ai voyagé en France et je me suis donc renseigné sur cette école. Par ailleurs ils ont des cours en Anglais et pour une période d'un an seulement. Je n'avais pas d'autres idées. J'ai donc décidé d'entrer dans cette école. Mais les gens autour de moi furent très surpris que je suis allé à Paris :)



Quelles furent vos premières expériences photographiques ?

Quand j'étais à l'université, j'ai acheté un appareil photo reflex et quelques pellicules postives et j'ai fait un voyage où j'ai pu prendre avec ce matériel des paysages. C'était la première expérience. J'était vraiment content de ces tirages, j'ai donc continué à utiliser des pellicules positives. Mais je n'ai pas continué longtemps car cela montre toujours des paysages que je peux voir avec mes propres yeux. Toutefois, même si je les utilise, je peux trouver des choses vraiment différentes de ce que je peux voir. C'est grâce aux Toy Cameras (appareils lomographiques).



Si vous deviez décrire votre univers artistique comme le feriez vous ?

Je pense que mon projet est autour de nos mémoires sur l'enfance. La lumière et les couleurs sont des facteurs très important de mon projet. Particulièrement, de nombreuses photos sont prises avec un fort éclat. Si je peux prendre des photos d'enfants avec ces deux éléments, lorsqu'ils sont en train de jouer ou autre, cela devient quelque chose qui se trouve à part de la réalité. Le pubilc me dit parfois que cela leur remémore leur enfance qui avait quasiment disparu de leur tête. Je pense qu'un éclat puissant connecte des souvenirs disparaissant et quelque chose qui est séparée de la réalité.



Vous utilisez des appareils lomographiques pour vos travaux artistiques. Quelles en sont leurs spécificités et qu'est ce que cela apporte au public ?

Cela permet de nous transmettre un environnement nostalgique et ces images avec des taches floues m'évoquent des artistes impressionistes comme Monet ou Renoir. Je dis toujours aux autres que je veux prendre des photos comme des peintures. Cela veut dire que cela ressemble à des peintures mais cela provient de la réalité. C'est quelque chose d'intéressant. Cela permet de réaliser que ce projet est à la fois journalistique et artistique.



Votre exposition "Petits Babys boom in France" montre une France colorée sous le signe de l'enfance. Quelle fut votre motivation pour montrer la France sous cet aspect ?

C'est vraiment une responsabilité journalistique de montrer un aspect français aux Japonais. C'est pour accelérer le changement dans le système des allocations familiales au Japon. Cela a commencé un petit peu mais ce n'est pas assez. Beaucoup de familles ne peuvent supporter de fortes dépenses pour élever leurs enfants avec juste un seul revenu. Du fait que le développement économique rapide s'est arrêté dans les années 90 au Japon et cela ne reprendra pas. En plus, même des employés avec un travail régulier ont peur maintenant de le perdre du fait de la crise économique. Et donc avoir deux revenus deviendra quelque chose d'usuel au Japon comme en France. Mais le système social japonaise n'est pas prêt pour ça.  Je veux vous expliquer quelque chose.
L'indice de pauvreté d'un parent seul au Japon qui élève son enfant et qui travail dan le même temps était de 54% en 2006 alors qu'en France c'était 19%. Le nombre d'enfants attendant des facilité de soin était de plus de 25 000 en 2010 et qui était concentré dans les lieux urbains.



Vous avez présenté ces photographies au Japon. Quel fut l'accueil du public and quelles furent les différentes réactions face à ce projet ?

Au Japon, j'ai eu une exposition dans un hall public de Tokyo. J'y ai exposé des photos et des textes sur le système social pour les familles en France. Beaucoup de visiteurs connaissaient un peu le phénomène de baby boom en France car cet endroit a reçu un public de genres équitables et par ailleurs il y avait des informations à ce sujet à la télévision et également sur internet auparavant. Cette exposition fut grandiose pour moi car ce fut accepté à la fois en tant que projet journalistique et artistique. Beaucoup d'entre eux m'ont dit qu'ils ont pu mieux comprendre le baby boom en France et ces photos ont donné un côté persuasif aux textes.


 
Vous semblez considérer la photo comme un important moyen de délivrer un message social. De quelle façon cela peut-il contribuer à changer la mentalité des gens ?

Comme je l'ai dit et beaucoup de journalistes photographes le font, les photos peuvent représenter la société et peuvent donner plus de persuasion aux articles. Je fais tout simplement la même chose que des journalistes photographes. En plus en utilisant un appareil lomographique c'est une façon intéressant de construire mon projet car beaucoup de jeunes photographes sont enjoués au Japon par ce type de processus (c'est une mode) et je veux montrer mon projet tout particulièrement à la jeune génération. J'espère que cela sera une chance pour ces jeunes japonais d'avoir un regard et de mieux comprendre mon projet.



Vous avez présenté le mois dernier cette exposition à Espace Japon à Paris avec le photographe français Riowen Hedoux. Quel est votre point de vue sur son travail artistique et comment en êtes vous venu à présenter ces deux visions sur la France et le Japon ?

Cette exposition sur deux personnalités est une idée qui a été développée par Espace Japon. Nous nous ne connaissions pas avant cela et la première fois ce fut pour mettre en place l'exposition et voir le partage des coûts. Toutefois son thème "Isolé" est vraiment un des raisons de la baisse de natalité au Japon. Les familles sont de plus en plus nucléaires au Japon et les parents n'ont pas d'opportunité pour aider les familles. C'est pourquoi nous les Japonais devont faire plus d'effort au niveau du système social comme en France. Il a exposé les japonais "isolé" et j'ai exposé la "solidarité" française qui existe en opposé à ce côté "Isolé". C'est mon point de vue sur son travail. Je pense que cette exposition fut vraiment bonne pour cela.



Quels sont vos projets et que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre carrière ?

Mon permier but est de publier un livre photographique au Japon. Et dans l'avenir, je veux faire une exposition dans le centre de Tokyo. Et ensuite, je veux exposer mes photos avec des écrivains qui ont écrit sur le baby boom en France. Cela aura plus de force de faire une exposition par trois ou quatre écrivans. Mais cela reste une idée dans ma tête ;)
Pour les Français j'espère que mes photos puissent être quelque chose qui leur permette de redécouvrir leur société et eux mêmes. C'est comme lorsque j'ai redécouvert les Japonais dans l'exposition Manabé Shima par Florent Chavouet à Espace Japon.
J'imagine que je pourrai exposer de l'air en Europe pour le Japon et cela sera un point important. Et j'espère que je pourrai trouver encore un projet photographique entre le journalisme et l'art. C'est vraiment quelque chose que j'aime. Ce que je peux dire avec franchise c'est que je continuerai à faire des photos sur le thème du baby boom en France et je veux refaire des photos de Rugby pour la coupe du monde 2019 qui aura lieu au Japon. En tout cas la chose la plus importante est que je puisse renouveler mon visa pour venir à nouveau en Europe.

© Photos : Soichiro Hyodo

© Interview réalisée par E-mail - Kochipan (février 2011)

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Un grand merci à Soichiro Hyodo pour son accueil et aussi pour avoir accepté cette interview.
Merci également à Espace Japon sans qui nous n'aurions jamais pu rencontrer Soichiro Hyodo

Site officiel de Soichiro Hyodo

Exposition "Petis Babys Boom en France" à la gallerie Spéos