Interview : Kunio Katô

Publié par Kochipan sur 9 Mai 2012, 07:00am

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C'est en mars dernier au salon du livre que Kochipan a pu s'entretenir avec Kunio Katô. L'artiste japonais y présentait son album "La Maison en petits cubes" inspiré du court métrage du même nom qui avait connu un véritable succès international notamment grâce à l'Oscar remporté en 2008. Il nous ouvre les portes de son univers magique et poétique...

Bonjour, pour les lecteurs qui feraient votre connaissance aujourd'hui pourriez-vous vous présenter ?

Bonjour, je m'appelle Kunio Katô. Je suis animateur et illustrateur au Japon. Mes hobbies sont la promenade et boire du saké (rires).

Comment est né le projet de "La maison en petits cubes" et surtout qu'est ce qui vous a poussé à travailler à la fois sur une version animée et illustrée ?

Tout a commencé par une série d'illustrations que j'avais présentées au scénariste Kenya Hirata, qui a imaginé dans ces petits cubes l'histoire de toute une famille. Un producteur a vu mon court-métrage et m'a suggéré de l'adapter en album pour enfants. J'étais un peu réticent car j'avais passé plus d'un an à la réalisation de "La maison en petits cubes" et me remettre à ces personnages, ces thèmes... me pesait un peu.
Toutefois l'animation et le livre sont deux modes d'expression différents. J'ai donc décidé de relever le défi et de traiter le même sujet d’une autre façon, et avec d'autres détails.

Cette œuvre amène une réflexion intéressante sur le temps écoulé sans pour autant s'appesantir sur la nostalgie. Quelle relation avez-vous vous-même face aux événements passés et quelle valeur leur accordez-vous ?

Cela révèle mon trait de caractère. Il m'arrive souvent de regretter des choses ou des échecs. Je suis plutôt du genre à me prendre la tête entre les mains et à vouloir crier. Il m'arrive de regretter ce que j'ai fait et de ne pas réussir à passer l'étape.

maison-en-petits-cubes-nobi © nobi nobi ! & Kunio Katô

Alors que l'on a tendance à catégoriser certaines œuvres, on a l'impression qu'à travers vos travaux vous faites fi des différentes générations. Comment arrive-t-on à réunir petits et grands autour d'un même livre ou d'un même tableau ?

Tout d'abord je ne me suis pas limité à viser un public. Je fais attention à ne pas mettre trop d'explication dans le livre pour enfants par exemple. Par contre j'ai souhaité voir quelles réactions cela pouvait amener chez les différentes personnes. Ma démarche est avant tout d'amener une réflexion au public, quel qu’il soit.

Que ce soit avec “La maison en petits cubes” ou “Le voyage de Tortov Roddle”, votre univers est baigné de rêve et de poésie. D'où vous vient cette envie d'évasion et comment ces éléments peuvent-ils s'intégrer à la réalité ?

Pour moi le genre fantaisiste peut nous aider à affronter la réalité étant donné sa complexité. Lorsque je dessine certaines situations, il y a le souhait d'aider à résoudre des problèmes.

Au delà de ces thématiques, ce qui frappe les lecteurs et spectateurs c'est l'universalité de votre graphisme et des différents mondes créés. Comment se déroule la conception de ces univers et y-a-t-il des artistes qui vous ont influencé en ce sens ?

C'est une question très difficile. J'ai grandi au Japon en lisant des mangas. J'aime dessiner depuis que je suis tout petit et je recopiais ce que je voyais. Mais plus je dessinais plus je m'éloignais de ces styles. Des artistes comme Norman Rockwell m'ont influencé alors que j'étais au lycée. C'est vrai que je tends à dessiner des personnages qui n'ont pas de nationalité.

A l'heure où l'animation commerciale japonaise connaît une popularité fracassante à travers le monde, quelle place peut prendre des travaux d'animation comme ceux que vous réalisez au sein de la société Robot ?

Je ne sais pas trop. Je ne me force pas à rentrer dans un style. Je fais juste des illustrations au Japon. Il y a plein de styles différents dans l'animation japonaise. Je ne sais pas quelle est exactement ma place mais je suis content de participer à cette diversité.

“La maison en petits cubes” a connu un succès artistique et critique puisque vous avez reçu de nombreux prix notamment l'Oscar du meilleur court métrage d'animation. Quel impact peut avoir ce genre de prix sur votre travail, et comment avez-vous vécu ces événements ?

Dans l'entreprise, certaines personnes ne savaient pas ce que je faisais et ne comprenaient pas mon rôle au sein de la société. Lorsque j'ai gagné l'Oscar, mes collègues ont commencé à m'accepter. Je me suis donc un peu libéré de la pression. Je ne dessine pas dans le seul but de faire de l'argent, mais ça m'a un peu soulagé.

Vous avez été pendant plusieurs jours à Paris à la rencontre du public français. Quels souvenirs garderez-vous de ces rendez-vous ?

J'ai pu rencontrer beaucoup de personnes différentes. Je suis vraiment heureux d'avoir pu voir de moi-même le visage des spectateurs et découvrir leurs réactions.

Avez-vous un petit message pour les lecteurs de Kochipan ?

J'espère que vous rencontrerez une œuvre qui vous touchera personnellement, dans la diversité de l'animation, et qui puisse changer votre vie !